Motian Paul

[zoul93]

Batteur que j'ai découvert il y a peu de temps, batteur unique, musicien, coloriste, mais avec un sens de tempo réel, un son.
Batteur énorme a mes yeux(a mes oreilles) et il joue toujours je crois a plus de 80 ans.
A découvrir donc ...

[soft]

je respecte profondément cet olibrius: condamné en 76 à jouer sur ma batterie il n'a émi aucune plainte, n'a pas grimacé une seule fois; un stoïcisme rare; une image me reste de ce concert: le reflet de la peau du 12" dessinait des vagues de lumière sur le plafond.

un grand tout petit bonhomme

[lcsc]

... par son atypisme, sa recherche de sons différents, som empiétement sur les classiques mesures, j'ai toujours trouvé qu'il avait contribué à élever le niveau de service rendu ... vis à vis des "vrais" (!) musiciens et de l'intérêt musical ...

consacré par le très inspiré Bill EVANS, le trio qu'ils forment à (quasi)-parité avec le contre-bassiste Scott LaFaro est vraiment très représentatif du gain qualitatif global obtenu par cette parité entre musiciens plutôt que la traditionnelle et pépère hiérarchie en place jusqu'alors (album "portrait in jazz", morceau(of choice) : "Autumn Leaves").

[Lilic]

Yes, lcsc, c'est tout très bien ce que tu dis.
Je complèterai simplement: album "Portrait in Jazz", "Autum Leaves (monaural version).
What else?

[Jazz]

Hum... C'est très bon ça ! Merci pour la découverte ! Je vien d'en écouter quelques extraits accompagne d'une Westmalle

[matb5]

Un de mes batteurs preferes... Decouvert un peu par hasard en trio avec Stephan Oliva et Bruno Chevillon a Coutances il y a 12-15 ans. Grosse grosse claque, ce trio est fabuleux (ecoutez leurs albums), et je le prefere a celui d'Evans qui est moins aventureux a mon gout (pour l'aspect lyrique Evansien ecouter aussi les trio avec Enrico Pieranuzi au piano - et Marc Johnson ou Charlie Haden). Oliva, Chevillon et Motian sont trois fantastiques musiciens: atypiques avec a la fois un grand sens melodique (ca vaut pour la batterie), et une retenue qui met magnifiquement les choses en tension. J'avais tellement aime le concert que j'avais pris mon courage a deux mains pour aller le dire a Stephan Oliva pendant qu'il trainait dans les allees du festival. Il m'avait tres sympathiquement fait prendre conscience d'a quel point Motian etait un grand bonhomme du jazz. Il m'avait notamment conseille d'ecouter le trio Motian-Frisell-Lovano, a son avis parmi les plus interessants groupes des dernieres decennies.
A noter que Motian est aussi un compositeur de grande classe.

[Syrian]

Fan du bonhomme aussi, et de longue date.
Un peu "le bop moderne" quoi, si on devait résumer abruptement
certes, avec Frisell - Lovano...

Bon, j'ai beau être (très) adepte de choses "sideways" je ne mange pas tout de ce genre là, parfois abstrus, voire complètement abscons (on tombe trop svt ds le truc carrément chiant avec des gueules qui font pas envie, comme dirait Caverne...)

Je lui préfère ceci :
je ne vs cacherai pas que je suis résolument "Monk à fond" mébon...





ou encore ça... (la deuxième partie du morceau surtout avec les envolées de Lee Konitz )

[krikou]

Paul Motian
25/03/1931 - 22/11/2011
Salut l'artiste

[matb5]

Oh sh... quelle tristesse...

[zoul93]

ciao l'artiste

[bluenote]

La couverture du numéro de janvier de Batteur Magazine est consacrée à Paul Motian avec à l'intérieur une interview et un article bien sympa de Laurent Bataille sur le parcours de ce génial batteur anticonformiste. Une couverture d'un journal de batterie consacrée à un batteur de jazz est suffisamment rare pour être soulignée et ça fait plaisir que ce soit à la mémoire d'un batteur qui était en plus loin de faire l'unanimité.

[Syrian]

Laurent étant par ailleurs un ami et aussi présent sur ce forum, tu sauras si tu le souhaites, t'en entretenir avec lui directement

Au delà de Motian (dont je ne renie nullement le jeu ni certaines œuvres), ce qui suit :
Anti conformiste, certes
parfois.... trop ? Je partage souvent tes dires, voire tes goûts, c'est vrai (mm si je te réponds peu), mais j'avoue qu'une certaine frange du jazz pour jazzeux me laisse désormais de glace.
Certaines élucubrations en non formes trop free à mes oreilles, car revendiquant l'étiquette, éloignent par trop le côté primal de la pulse que j'aime à ressentir sous tendre un bon minimum, fut elle diluée ou minimaliste, elle en devient par trop décousue.
Un peu comme des grands bavards peuvent se perdre en discours superfétatoires et lasser leur auditoire, ou certains "comique de situation" en parvenir au mm résultat à force de répétitions.
Les chantres de la musique improvisée avec leurs trucs issus de la contemporaine qu'ils ns resservent à faire le mariole la moindre occasion depuis 30 ans dès qu'ils ont un public en font partie, façon clarinettes ds les bassines, tampons de sax près du micro, trompette jouée à la seule embouchure, piano avec les coudes ou les pieds et tous ces bruits étranges et manières décalées qui ravissent l'ego - à défaut des oreilles - de certains snobs, et des chantres de l'instant jaillissement.
Sans s'apercevoir que ces resucées souvent peu mélodieuses et quasi systématiques, qu'ils érigent en leur signature, lassent ou à tout le moins frappent assez peu au cœur. Le tout avec un air sérieux (et je reste poli, vs apprécierez) supposé appuyer leur art.
Evidemment, c'est tjs l'auditeur qui n'est "pas prêt". Ou serait donc le manque d'humilité ? je laisse la question posée là..
Je comprends qu'on fuit ce "jazz" et que les concerts de queue de chat tirée ne déplacent pas les foules. Pas que les foules aient raison, ni que je me fasse le chantre de l'inculture générale qui sévit actuellement, mais...
la joie est le baromètre du bonheur, l'éjaculation intellectuelle souvent un simple onanisme, tout au plus exhibitionniste.

Je préfère le partage à la prestation.

[bluenote]

Oui, je sais que Laurent Bataille participe au forum et je le remercie vivement de donner une certaine visibilité aux batteurs de jazz dans la presse. Je pense que mettre Paul Motian en couverture n'est pas spécialement vendeur et c'est, à l'heure où la presse écrite rencontre de plus en plus de difficultés, tout à l'honneur de ce magazine.

Au delà de Motian (dont je ne renie nullement le jeu ni certaines œuvres), ce qui suit :
Anti conformiste, certes
parfois.... trop ? Je partage souvent tes dires, voire tes goûts, c'est vrai (mm si je te réponds peu), mais j'avoue qu'une certaine frange du jazz pour jazzeux me laisse désormais de glace.
Certaines élucubrations en non formes trop free à mes oreilles, car revendiquant l'étiquette, éloignent par trop le côté primal de la pulse que j'aime à ressentir sous tendre un bon minimum, fut elle diluée ou minimaliste, elle en devient par trop décousue.

Je comprends ce que tu veux dire concernant un certain type de jazz. Mais je trouve que Paul Motian, pour ce que je connais de son oeuvre, n'est jamais tombé dans cette caricature. Comme le rappelle Laurent Bataille dans son article, Paul Motian cite pour principale influence Kenny Clarke. Il est à l'origine ancré dans une tradition directement issue du be bop dont il se détache petit à petit mais dont il garde tout de même certains éléments, en particulier un vrai sens du tempo. C'est vrai que dans de nombreux enregistrements, il souligne le rythme plutôt qu'il ne le marque, mais ça ne l'empêche pas de swinguer!
Les disques sur lesquels joue Paul Motian font partie des disques que je réécoute très régulièrement sans me lasser. Je les redécouvre à chaque nouvelle écoute.

J'aime vraiment ce batteur, pour plusieurs raisons:
- c'est quelqu'un qui a su évoluer tout au long de sa carrière. Entre le Paul Motian de la fin des années 50 en compagnie de Bill Evans et Scott Lafaro et son dernier disque, "Lost in a dream", en trio sans contrebasse avec Chris Potter au sax ténor et Jason Moran au piano, il y a un monde. Cette remise en question permanente, ces nombreuses expériences musicales sont pour moi le signe d'une personnalité exceptionnelle qui refuse les moules.
-il fait partie des très rares musiciens qu'on reconnait rapidement à l'écoute. Pour moi, c'est la marque des très grands. Il a su développer un style unique qui a influencé de très nombreux batteurs. Son CV impressionnant montre à quel point il est respecté dans le monde du jazz.
-c'est un musicien sans concession. Il fait la musique qu'il a envie de faire. Le succès public n'est à l'évidence pas sa principale préoccupation. Cette attitude demande beaucoup de courage et de détermination.
-il n'hésite pas à innover, à bousculer les conventions (jouer sans basse ou contrebasse, faire du be bop électrique...). En ce sens-là, je pense que c'est vraiment un anticonformiste.
-j'admire sa façon de faire une musique passionnante avec des moyens techniques limités. Un peu comme un Thelonious Monk au piano, son style s'est construit sur ses faiblesses. En fait, j'aime beaucoup les musiciens chez lesquels on "entend" pas la technique. Il fait une musique complexe sans aucun étalage de prouesses, sans jamais chercher à impressionner son auditoire.
-et puis, et c'est le plus important pour moi, j'aime vraiment sa musique. Elle me touche particulièrement. Difficile à expliquer... comme je le dis plus haut, les disques que j'ai de lui font partie de ceux que je réécoute régulièrement.

Puis, pour te répondre Syrian, je peux comprendre qu'une partie du jazz contemporain puisse parfois rebuter. Tout comme pour la musique contemporaine ou l'art contemporain en général, les frontières entre "n'importe quoi" et génie sont parfois assez floues et je suis d'accord qu'on sombre parfois dans le ridicule. Certaines oeuvres nécessitent pratiquement un mode d'emploi! Par contre, me concernant, quand je prends le temps de m'y intéresser, je découvre parfois des plaisirs insoupçonnés dans des musiques qui pourraient me laisser de marbre de prime abord. Puis, par ailleurs, ça ne m'empêche pas de ressentir le grand frisson en allant voir jouer Bernard Purdie ou Eric Harland (le mois dernier au Sunset, pour la deuxième fois... la très grosse claque!!!). Tout dépend du contexte. Je pourrais difficilement donner une réponse définitive sur mes goûts musicaux, ils évoluent chaque jour, en fonction de mes découvertes (et ne se limitent d'ailleurs pas au jazz et musiques assimilées, loin de là!!!).

[lcsc]

bravo Bluenote, fort bien écrit !